Les Journées événementielles

Journée Théâtrale : Jean Genet

Programme

9h Accueil
9h30 Intervention de Jean-Christophe Corrado
"Il n’y a rien de beau que ce qui n’est pas"
- L’esthétique contre le réel dans l’œuvre de Jean Genet -
10h Intervention de Jacques Vincey, qui a mis en scène des Bonnes au Théâtre de l'Athénée, en 2012.
11h Intervention d'Albert Dichy
Une relecture du Balcon
La recherche sur un auteur comme Jean Genet
14h Intervention de Georges Lavaudant, qui a mis en scène Le Balcon à la Comédie-Française, en 1985.

 

Cette manifestation se déroulera dans les locaux du Collège Sévigné : 28, rue Pierre Nicole, devant quelques auditeurs.

Interview : "journée théâtrale Jean Genet"

Retours et appréciations d'étudiantes sur la journée théâtrale et les intervenants.

Échange avec Jean-Christophe Corrado, Docteur en littérature française et agrégé de lettres modernes.

Dialogue et rhétorique : autour de Platon, Quintilien et Lucien

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Programme Dialogos, Collège Sévigné, La Vie des Classiques – Les Belles Lettres

Organisateurs : Anne-Marie Favreau-Linder et Jean-Pierre De Giorgio

 

Les interventions (format audio) :

 Frédéric Cossutta (UPEC / céditec, membre associé) : Protocoles conversationnels et dynamique dialogique dans le Gorgias

 

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 Anne Balansard (AMU / CPAF) : Le dialogue n'est pas une question de forme.

 

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Pierre Ponchon  (UBP / Phier) et Stéphane Marchand (ENS Lyon) : De Gorgias au Gorgias : à qui le logos appartient-il ?

 

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Anne-Marie Ozanam (Henri IV) : Le dialogue lucianesque, entre comédie et philosophie.

 

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14h45 Anne-Marie Favreau (UBP / Celis) : La satire des philosophes chez Lucien, entre dialectique, antilogie et mimesis.

 

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Texte de présentation de la journée :

Définir le dialogue comme l’enfant de la philosophie est une construction historiographique courante dans l’Antiquité. Le Syrien, personnage-masque de Lucien de Samosate, dans La double accusation, est justement accusé par Rhétorique de l’avoir abandonnée pour Dialogue, « ce barbu, cet homme au manteau » et d’avoir restreint la liberté des discours pour s’enfermer dans des « questions brèves et hachées », créant un tissu de « courtes phrases », ne parlant que « par syllabes », recueillant pour finir de l’auditoire non des applaudissements mais un hochement de tête, un salut, un sourire. Ces quelques traits identifient sans ambiguïté Dialogue avec le dialogue socratique, dans sa version platonicienne la plus familière et la plus stéréotypée.

L’opposition entre rhétorique et dialogue ne date pas de Lucien et déjà, dans les milieux socratiques du IVe siècle av. J.-C., les rhéteurs sont fréquemment pris à partie dans les dialogoi. Le désaccord porte autant sur les implications éthiques et épistémologiques de l’usage du logos que sur la forme à lui donner et les conditions de sa pratique. Le Gorgias est un des témoins de cette opposition très vive entre rhétorique et philosophie : Platon y construit le genre du dialogue dans le processus même de sa confrontation avec les pratiques discursives du rhéteur ou de l’orateur. L’opposition entre discours en public et dialogue y devient fondamentale : Socrate refuse le discours long de la rhétorique et défend le dialogue qui seul permet de mettre en œuvre une véritable recherche de la connaissance et de la vérité, parce que cette recherche exige une forme dialectique.

Mais la relation entre les deux domaines n’a pas toujours été pensée en termes d’opposition : chez Cicéron, le dialogue peut être un lieu de complémentarité entre philosophie et rhétorique, comme l’avait montré A. Michel. Dans les Tusculanes 4, par exemple, Cicéron-personnage interroge son interlocuteur sur les modalités de leur échange : faut-il hisser les voiles du discours oratoire pour répondre à la question posée ou ramera-t-on un peu à la manière des dialecticiens ? Les interlocuteurs s’accordent sur l’intérêt de mêler les deux pratiques. De fait, à côté du dialogue portant sur des sujets philosophiques ou politiques, l’usage de la « forme-dialogue » ou plus simplement de la parole adressée s’observe également dans les ouvrages pédagogiques qui se donnent pour but de transmettre le savoir rhétorique à de plus jeunes étudiants (par exemple les questions/réponses dans les partitiones oratoriae de Cicéron ou les adresses dans l’Institution oratoire de Quintilien).

L’antagonisme entre dialogue philosophique et rhétorique doit donc être nuancé. Qu’en est-il sur le plan de la théorisation du dialogue ? A première vue, la rhétorique n’a guère pensé le dialogue comme genre. Faut-il dès lors aller, comme le fait Laurent Pernot dans « Un rendez-vous manqué » (1993), jusqu’à dire que c’est dans les milieux philosophiques que s’est essentiellement développée non seulement la pratique littéraire du dialogue mais aussi sa théorie ? Les travaux de P. Chiron (« Le dialogue entre dialogue et rhétorique », 2003) invitent à infléchir cette conclusion, en notant la perméabilité entre réflexion philosophique et réflexion rhétorique sur la question et en montrant que les traités de rhétorique rendent compte d’une part du dialogue comme forme littéraire et d’autre part du mécanisme dialogique, pensé comme modalité ou figure. Le Ps.-Démétrios de Phalère isole ainsi un certain nombre de caractéristiques stylistiques du dialogue qui l’opposent à la prose oratoire ou historique. Entre autres, Quintilien, auteur de l’Institution oratoire, identifie quant à lui parfaitement, avec la sermocinatio, la figure du dialogisme, insérable dans un discours continu pour obtenir, entre autres, un effet de vivacité (d’autres auteurs de traités, dont l’anonyme du Traité du sublime ont par ailleurs identifié une figure semblable). La rhétorique et ses traités ont manifestement été des espaces où a pu se penser la « fabrique » du dialogue, à la fois genre littéraire, modalité et figure du discours.

Trois auteurs représentés au programme d’agrégation de lettres classiques de la session 2016 illustrent la complexité des relations entretenues entre le dialogue (entendu non seulement comme genre mais aussi comme modalité discursive) et la rhétorique : l’opposition est vive dans le Gorgias de Platon mais les maîtres de rhétorique en Grèce et à Rome n’ont pas sous-estimé l’intérêt du dialogue, qu’il soit compris comme forme littéraire dont Platon est le modèle incontesté, comme figure ou comme modalité discursive à visée pédagogique : le regard de Quintilien sur le dialogue comme genre ou comme figure, voire comme procédé didactique suggère les relations complémentaires entretenues entre les deux. La seconde sophistique réactive la tension entre rhétorique et philosophie avec des intellectuels qui conjuguent les deux identités et brouillent les frontières entre les deux domaines. Lucien, qui fut un sophiste brillant mais iconoclaste, en témoigne de manière particulièrement remarquable parce qu’il pense cette tension dans la poétique même de son oeuvre. Maître de l’hybridation, il remodèle le dialogue, forme philosophique, en l’associant à d’autres genres, notamment la comédie. Sa relation avec la rhétorique reste cependant, à divers titres, un élément structurant de sa propre définition.